L'Ancien Régime (désigne le régime politique existant avant 1789, il est nommé ainsi par les révolutionnaires pour insister sur son caractère passé) est une monarchie absolue de droit divin. Le roi y détient tous les pouvoirs et il est infaillible parce qu'il tient ses pouvoirs de Dieu. Mais l’Ancien Régime c’est aussi une société hiérarchisée basé sur les ordres. On distingue ceux qui prient, le clergé (0,5% de la population), ceux qui combattent, les nobles (1,5% de la population), et ceux qui travaillent, le tiers-état (98% de la population). Le régime est organisée en corporation et en métiers, chacun d’eux doit respecter certaines règles mais peut aussi disposer d’avantages, c’est une société de privilèges (des lois privées pour chaque groupe). Dans cette société, tous les habitants du royaume sont sujets du roi de France mais seul le Tiers-état est soumis à l'impôt ; le clergé et la noblesse ne paient pas de taxes.
Tableau de la réunion des Etats généraux
Auguste Couder, 1839, musée de l'Histoire de France (Versailles
La souveraineté nationale est le principe selon lequel la source de l'autorité dans un État (la souveraineté) appartient à la nation (c'est à dire à l'ensemble des citoyens). En se proclamant, les détenteurs de la souveraineté nationale, les députés du Tiers-état refusent de reconnaitre le pouvoir absolu du roi. C'est la fin de la monarchie absolue. |
Or, lorsque Louis XIV devient roi en 1774, il hérite d’un État endetté et continue de creuser le déficit. Pour renflouer les caisses du royaume, les ministres des finances se succèdent et proposent notamment de taxer la noblesse qui refuse obstinément de renoncer à ce privilège. Pour tenter de sortir de l’impasse, le roi décide donc de convoquer les États généraux. Il s’agit de l’assemblée des représentants des trois ordres, convoquée pour donner son avis sur le moyen de sortir le royaume de la crise. Partout en France, la population rédige des cahiers de doléances dans lesquels Le 5 mai 1789, débute la réunion des 1139 députés à Versailles.
Dans cette assemblée, les décisions sont traditionnellement prises après un vote par ordre, chacun des ordres valant une voix. Les députés du Tiers état réclament un vote par tête et non par ordre mais se heurtent à l'opposition de la noblesse et du clergé. Le 17 juin 1789, les députés du Tiers état, considérant qu'ils représentent la majorité du peuple français et qu'ils sont investi de la souveraineté nationale, s'autoproclament Assemblée nationale.
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Soldat de la garde nationale, Estampes conservée au musée de l'Armée à Paris
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Le peuple de Paris est excédé par l’augmentation du prix du pain et la misère qui sévit partout dans la capitale. Louis XVI ne fait rien pour arranger les choses. Les émeutes se multiplient et les Parisiens demandent l’organisation d’une garde nationale, une milice municipale de citoyens chargée de maintenir l’ordre et de lutter contre les ennemis de la Révolution. La rumeur enfle sur la volonté de la Cour proche de roi de mettre fin à la révolution (voir planche de bd ci-contre) Malgré cela, l’agitation ne cesse pas, au contraire, les arsenaux sont pillés et le 14 juillet, la Bastille est pris d’assaut.
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Dans son article 1, le texte proclame l’égalité « en droits » exclut l’existence des privilèges.·En affirmant que la loi doit être la même pour tous, l’article 6 précise qu’elle ne prend en compte que des individus, et non l’appartenance à un groupe, à une communauté ou même les conditions sociales d’existence. L’article 6 satisfait aussi une des revendications majeures des cahiers de doléances : l’égalité d’accès aux emplois publics. Désormais, le mérite est plus important que la naissance.·L’article 13 instaure l’égalité devant l’impôt supprimant ainsi les exemptions fiscales des privilégiés.·La liberté (article 1), premier des « droits naturels » énoncés, et la faculté pour l’individu de se déterminer lui-même, s’oppose à toute forme de servitude et rend en théorie impossible le servage et l’esclavage. Affirmer la liberté individuelle, c’est aussi protéger les personnes contre les arrestations et les détentions arbitraires qui se produisaient sous l’Ancien Régime (article 7),·L’article 11, instaure la liberté d’expression (particulièrement de la presse) est une réponse à la censure qui s’appliquait sous l’Ancien Régime·La résistance à l’oppression consacrée par l’article 2 reconnait le droit de résister à un gouvernement dont l’action serait en contradiction avec les principes qui sont énoncés dans la déclaration.
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La Révolution semble avoir atteint son but. Le 14 juillet 1790, pour célébrer l’anniversaire de la prise de la Bastille, une fête grandiose est organisée sur le Champ-de-Mars à Paris. Le peuple est invité à célébrer l’unité de la nation et l’aube d’un monde nouveau. Au milieu de l'enthousiasme général et du plus sincère loyalisme, les délégués de la Garde nationale de tous les départements, acclament Louis XVI. Tous les députés ainsi que la famille royale prêtent le serment civique : d'être fidèle à la Nation et à la loi, d'employer tout le pouvoir qui lui est délégué, à maintenir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale. La fête de la fédération devait être le symbole de l’achèvement de la Révolution et de la réconciliation entre le roi et la nation avant même l’écriture de la constitution.
Pourtant cette unité n’est qu’une illusion. Le roi contraint de séjourner à Paris depuis le 17 juillet 1789 se sent prisonnier de l’Assemblée et des sans-culottes (ces révolutionnaires issus du peuple qui portent des pantalons plutôt que la culotte des nobles et des grands bourgeois) et qui l’ont obligé à porter la cocarde tricolore et à accepter les réformes. |
La famille des cochons ramenée à l'étable, gravure 1791, BNF Paris
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Dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, Louis XVI et sa famille fuient secrètement la capitale. Ils sont reconnus et arrêtés à Varennes en Lorraine. Ramenés de force à Paris et sous bonne garde (gravure ci-contre), le roi perd alors beaucoup de son aura et de son prestige aux yeux de la population. Pour une partie du peuple le roi a cherché à quitter le pays pour trouver le soutien du père de sa femme, l’empereur d’Autriche, il apparait alors comme un traitre à la nation qui a renié son serment.
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En pleine rédaction de la Constitution, les députés de l’Assemblée nationale, qui appartiennent en majorité aux classes les plus aisées décident que seuls les citoyens les plus riches pourront élire les députés et que seuls ceux qui possèdent une propriété et qui payent une contribution à l’État de la valeur d’un marc d’argent pourront être élus.
Robespierre (portrait ci-contre), député de l’Artois, s’élève contre cette mesure discriminatoire mais son discours est très peu entendu. |
Les troupes autrichiennes et prussiennes pénètrent sur le sol français en juillet 1792 et menacent de mort ceux qui s’en prendraient à la famille royale dans un texte appelé le manifeste de Brunswick (du nom du chef de l’armée prussienne qui l’aurait rédigé. Il s’adresse au peuple de Paris en ces termes : « Que si le château des Tuileries est forcé ou insulté, que s’il est fait la moindre violence, le moindre outrage à Leurs Majestés, le roi, la reine et la famille royale, s’il n’est pas pourvu immédiatement à leur sûreté, à leur conservation et à leur liberté, elles en tireront une vengeance exemplaire et à jamais mémorable en livrant la ville de Paris à une exécution militaire et à une subversion totale, et les révoltés coupables d’attentats aux supplices qu’ils auront mérités. »Cette proclamation ne protège pas la famille royale mais alimente au contraire l’idée que le roi a des complices en Autriche et qu’il est un traitre à la nation.
1. Une nouvelle assemblée fortifiée par la victoire militaireSuite à l’arrestation du roi et face à la pression des sans-culottes, l’assemblée législative vote la suspension de la royauté. Une nouvelle assemblée est élu au suffrage universelle masculin, elle est chargée de rédiger une nouvelle constitution : c’est la Convention. C’est une assemblée composée majoritairement de républicains sincères. Pendant ce temps, l’armée française gagne une bataille décisive à Valmy face à l’armée prussienne.
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Ci dessus, le Duc de Brunswick : Commandant en chef de l'armée prussienne lors de l'invasion de la France. Il avance sur Paris, après ses victoires à Longwy et à Verdun. Il est resté célèbre pour son ultimatum aux parisiens : le manifeste de Brunswick. |
Le procès du roi met en évidence les divergences au sein de l’assemblée. Tous les députés s’accordent sur la trahison du roi mais ils sont plus partagés sur le sort qui doit lui être réservé (voir les résultats du vote ci-contre).
Après un mois de débat la Convention vote finalement la mort du roi avec une faible majorité (387/726). Louis XVI est exécuté le 21 janvier 1793. Dès lors, Girondins (modérés) et Montagnards (plus radicaux et proches des revendications populaires) s’opposent et sont irréconciliables. |
La Révolution est en guerre sur les fronts extérieurs, elle fait face à la coalition des monarchies européennes. Mais elle doit aussi résister aux contestations intérieures. En effet, la misère est présente partout dans le pays et la Convention peine à prendre des décisions efficaces. En juin 1793, les Girondins, jugés trop modérés, sont éliminés au profit des Montagnards. Ce changement politique ne permet pas d’apaiser les tensions dans le pays qui, au contraire, plonge dans la guerre civile. D’un côté, les partisans des Girondins, mécontents de leur éviction, s’insurgent contre la République (autour de Bordeaux, dans le Midi, à Lyon, en Normandie, en Corse) ; de l’autre, les partisans du roi se soulèvent pour rétablir la monarchie, essentiellement en Bretagne et en Vendée.
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